Δευτέρα 1 Σεπτεμβρίου 2014

Charles Wyplosz : «Seule une pause dans l’austérité pourrait nous éloigner de la déflation»


29/8/2014

Pour l’économiste Charles Wyplosz, «il faut de toute urgence reporter à plus tard la réduction des déficits» pour faire repartir l’activité et relancer l’inflation.

La menace de déflation se précise en Europe. En août, les prix dans la zone euro ont de nouveau ralenti, avec une hausse de 0,3% sur un an contre 0,4% en juillet. Elle atteignait encore 1,3% à l’été 2013. Sur les douze derniers mois, ils n’ont progressé que de 0,8% en Allemagne et de 0,02% en Belgique, tandis qu’ils ont reculé de 0,5% en Espagne. Et en Italie, les prix ont baissé de 0,1% en août sur un an. Une première dans le pays depuis 1959. Cette inflation très faible en Europe fait désormais redouter un scénario à la japonaise. «Nous n’en sommes pas là mais encore six mois ou un an comme ça et on tombe dedans», met en garde l’économiste Charles Wyplosz. Pour ce professeur à l’Institut des hautes études internationales de Genève, qui n’a cessé d’alerter sur les dégâts des politiques d’austérité tout en appelant à de profondes réformes structurelles, le levier monétaire ne peut plus permettre d’enrayer la déflation. Autrement dit, seule une relance budgétaire européenne, avec la mise entre parenthèses des programmes de réduction des déficits publics, peut encore éviter à l’Europe de retomber en récession.

Quel est le degré de gravité de la situation ?

Il est élevé, même si l’Europe ne se trouve pas encore dans un schéma de déflation. En revanche, la BCE, qui prévoyait d’être proche d’une inflation annuelle à 2%, a complètement raté sa cible. Le problème, c’est qu’avec des taux à 0,15% et une politique déjà très accommodante, Mario Draghi a épuisé pratiquement toutes ses cartes. D’où son appel aux Etats à prendre le relais et à faire plus pour la croissance. D’une certaine manière, la politique monétaire a cessé d’exister et il ne faut plus en attendre grand-chose.

La BCE n’a-t-elle pas encore à sa disposition l’arme suprême de l’assouplissement quantitatif, consistant à mener une politique «non conventionnelle» de rachat massif d’actifs afin d’accroître la masse monétaire ?

C’est le bazooka des banques centrales, mais ses effets sont au final généralement modestes, comme l’ont montré les exemples américain, anglais et surtout japonais. Ces politiques ont bien un effet sur le taux de change et si le taux de change de l’euro face au dollar baissait durablement de 20%, on pourrait dire que c’est le début de la fin du risque de déflation. Sauf que ce n’est pas le cas et que la BCE n’est pas décidée pour le moment à faire de l’assouplissement quantitatif. Or il y a bien urgence.

Pourquoi n’y a-t-il plus d’inflation ?

C’est la bonne question à se poser et la réponse est simple : ce n’est pas un problème de liquidités mais d’absence de croissance, car c’est elle qui génère la hausse des prix. Il faut donc arrêter de se focaliser sur la BCE, elle a fait ce qu’elle a pu, et il faut maintenant aller très vite. C’est pourquoi seul l’électrochoc de la mise entre parenthèses des politiques d’austérité pourrait nous éloigner de la spirale déflationniste.

Arnaud Montebourg a-t-il donc raison ?

Pour une fois, il est dans le vrai. Il faut de toute urgence reporter à plus tard la réduction des déficits si l’on veut faire repartir l’activité et du coup l’inflation. Mais la France n’a jamais été capable d’articuler une stratégie réellement crédible sur ce point. On a toujours l’impression qu’elle ne cherche qu’à gagner du temps. Or François Hollande aurait tout intérêt à prendre des engagements très forts de réformes structurelles, même si elles lui coûtent politiquement, et à expliquer clairement comment la France s’y prendra pour réduire ses déficits ultérieurement.

Où voulez-vous en venir ?

S’il s’engage sur une vraie réforme du marché du travail, s’il trace de vraies perspectives de réforme de l’Etat et du nombre de fonctionnaires en prenant des engagements fermes sur ce point, la France sera plus crédible. C’est le travail qui attend Manuel Valls et Emmanuel Macron, qui n’ont pas encore épuisé leur capital confiance outre-Rhin.

Comment fait-on de la relance ?

Il n’est pas question d’augmenter la dépense publique, ce n’est pas tenable dans un pays où elle atteint 57% du PIB. Il faut en revanche rendre du pouvoir d’achat en baissant massivement les prélèvements obligatoires, de l’ordre d’au moins 50 milliards d’euros. Ce sera bon pour les classes moyennes et les PME, qui n’arrêtent pas de dire que leur carnet de commandes est vide et ont tout à gagner d’une relance en France.

Ce n’est pas ce que dit le Medef…

Leur position est assez incompréhensible, sauf à considérer qu’ils se soucient surtout d’entreprises d’une certaine taille dont l’essentiel des marchés sont hors de France. Or ce n’est pas la majorité des entreprises et on peut raisonnablement penser que même si cela dopera les importations, cela créera également un appel d’air pour les PME.

Reste à convaincre l’Allemagne…

C’est toute la difficulté, mais jamais peut-être la période n’a été aussi favorable pour le faire. Angela Merkel est sous la pression du SPD avec lequel elle gouverne, des institutions internationales comme le FMI, l’OCDE et la BCE. Or l’Allemagne, après avoir remarquablement encaissé la crise de 2008, se retrouve sans vent dans les voiles en raison du ralentissement des émergents, et a elle aussi besoin de cette relance. Et à la différence de beaucoup de ses voisins, elle dispose de marges de manœuvre pour le faire. La pression va donc continuer à monter.

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